“Erotikon” reviewed by Etherreal

Erotikon
Il y a tout juste un mois on vous parlait d’une collaboration entre le Portugais The Beautiful Schizophonic et le Japonais Yui Onodera publiée chez Basses Fréquences. Comme promis, nous revenons ici sur le dernier album du romantique Jorge Mantas qui nous propose ici 11 pièces qui sont ses propres interprétations de la chanson d’amour. Ça tombe bien, puisque si l’album est sorti en juillet dernier, nous le chroniquons à l’approche de la St Valentin…

Bien sûr, rien à voir ici avec des chansons puisque le Portugais est plutôt le spécialiste des nappes, drones et autres douceurs expérimentales. Si à l’écoute de Erotikon on a parfois peur que The Beautiful Schizophonic bascule de l’ambient au new age, il vient régulièrement nous rappeler que son approche reste basée sur le hasard et les accidents. Ainsi on est tout de suite happé par le son incroyable de Furla, enveloppé entre les drones graves et les nappes flottantes pour une tonalité générale qui reste sombre mais qui tend à s’éclaircir alors que le temps passe. Aysha au contraire nous apparaitra nettement moins inspiré, et passé les fines textures granuleuses de l’introduction ce sont des nappes classiques qui se superposent et se répètent à l’infini.

Au fil des morceaux, le son s’éclaircit et on pensera à Radiance, son album avec Yui Onodera à l’écoute de Bambilány, retrouvant la lumière et des gazouillis d’oiseaux qui composeront l’intégralité de Musgo. Le son extrêmement traité tend à nous faire oublier l’origine même de ces compositions et en particulier la voix de Christina Vantzou qui apparait régulièrement sur ce début d’album. Jorge Mantas nous surprend également avec la durée de ses pièces, de 2 à 14mn, élargissant son champ d’expérimentation sur les formats courts, optant pour un son bouillonnant et plus rugueux (Blumarine), mêlant field recordings et ondes radio (Musgo), ou opérant des variations sur une boucle de piano avec Nocturnosque.

La deuxième moitié de l’album s’avère plus homogène avec 5 pièces qui jouent sur la longueur tout en adoptant des sonorités d’origines variées. Un ton sombre et cinématographique sur le magnifique Aliénor d’Aquitaine, puis une boucle granuleuse qui s’avère être un enregistrement datant de 1860 de Au clair de la lune, peut-être le tout premier enregistrement existant d’une voix humaine, adouci par le magnifique piano de Yui Onodera. Les nappes sont ensuite produites par une guitare, un peu à la manière de Sylvain Chauveau sur Orlнk, une conversation téléphonique semble avoir été captée sur Fornarina nous rappelant les premiers travaux de Scanner, avant de terminer avec les 14mn de Pollen et ses nappes lancinantes et lumineuses, et de nous engloutir dans les remous aquatiques qui clôturent l’album.

Amateurs d’ambient, drones, rêveries éthérées, cet album est fait pour vous. On en profite pour signaler que le label Cronica produit son propre podcast avec très régulièrement des pièces inédites des artistes du label. The Beautiful Schizophonic y est largement représenté. Fabrice Allard

via Etherreal

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