“Täuschung” reviewed by Etherreal

Peu d’infos disponibles à propos de Davor Mikan, si ce n’est que l’artiste qui sort cet album sur le fameux label portugais est autrichien. A l’écoute de Täuschung que l’on considérera jusqu’à preuve du contraire comme son premier CD, le lien avec ses compatriotes de chez Mego nous apparaît comme tout à fait naturel, dans un registre plus proche de Pita que de Fennesz.

Avec ses 38 minutes pour 31 pistes, Täuschung possède déjà un petit quelque chose d’expérimental. Compilation de vignettes synthétiques, de tentatives musicales ou bruitistes, mélange de musique mathématique et de synthèse graphique, à moins que ce ne soit l’inverse. Mis à part quelques rares pièces de 2 à 4 minutes, pour la plupart regroupées en fin d’album, cet album ne semble être qu’un regroupement d’idées et expérimentations menées pendant 4 ans sur divers outils informatiques, idées se résumant en fragments de 10 secondes à 1’30. Ca laisse peu de temps, et a posteriori on se dit que si toutes ces idées avaient été développées et agencées en pièces réellement composées, on aurait pu obtenir ici un album à la fois intéressant et sensible.

Cela dit, bien que dominé par tous les glitches et autres data errors possibles et inimaginables, l’album de Davor Mikan n’est pas pour autant complètement dénué de sensibilité, mais l’Autrichien a l’art d’achever ses morceaux dès qu’une mélodie pointe le bout de son nez (Gespenster Und Lippenstift, Ein Komplettes Drama) et de se moquer de nous en donnant à l’un de ces morceaux un smiley pour titre ( ; o). A la manière de Fennesz, ces mélodies sont régulièrement salies (Cleaning My Graves I), ou hachées, fracturées, enchevêtrées dans des amas de glitchs bruitistes sur les magnifiques : o, s ou Riss, complètement cachées même derrière un mur de micro-bruitages électroniques (Das Gewitter Hat Sich In Eine Bahnhofshalle Zurückgezogen, Ein Tag).

En dehors de ces tentatives mélodiques, l’Autrichien laisse la part belles aux souffles grésillants, saturations, crépitements, frétillements, larsens et crissements, cassures brutales, entre-chocs métalliques, s’essayant à la musique électro-acoustique contemporaine sur Schon Halb Verwest et proposant quelques moments de répit en diminuant le tempo et les agressions sonores au profit de la douceur de notes limpides de laptop sur Glattes, Vince, ou encore Der Eisverkäufer Explodiert Einfach.

Certes pas inintéressant, Täuschung laisse quand même une impression de pas fini. C’est un peu dommage puisque tous les éléments nécessaires à un bon album sont présents, mais peut-être que Täuschung arrive un peu trop tard.

Fabrice Allard