“Product 06” reviewed by liabilitywebzine.com

Décidément, la série Product est vouée à un long avenir. Une série qui s’est étoffée et qui a montré bien des ressources au fil des parutions. L’idée du split-album n’est sans doute pas neuve mais ici il n’est pas question vraiment de confrontation ou de mise en comparaison. A chaque fois il y a eu une espèce de symbiose entre les œuvres des artistes, comme si elles arrivaient à se fondre dans le même moule. En ce sens le label Cronica aura de quoi faire dans cette nébuleuse de compositeurs de musiques électroniques cérébrales pour puiser de quoi faire perdurer cette série qui s’avère de plus en plus intéressante. Ce sixième volume va mettre en scène trois entités différentes mais qui restent dans la lignée des artistes participant aux volumes précédents. Des participants qui avaient tous pris part à la compilation Essays On Radio, sortie l’année dernière, ou qui avaient, comme Paulo Raposo, déjà pris une part active dans la série Product avec Marc Behrens et @C.

C’est Pawel Grabowski qui ouvre le bal avec le long But I’m Not. Du moins si on peut parler de bal car ce disque sera sous les auspices de field recordings, de drones lointains et autres vagues synthétiques dans une architecture ambiant aussi glaciale et épurée qu’un périple sur la banquise. Le morceau du Polonais Grabowski est une succession de nappes qui viennent comme une découpe à la serpe. Grabowski (qui est aussi, notons-le, le patron du netlabel Silence Is Not Empty) prend soin d’y aller lentement mais sûrement, répétant sans temps morts le procédé avec en arrière-plan des formes impalpables et fantomatiques. Cette composition est presque enivrante si on l’écoute au volume adéquat : fort, cela va de soi.

Le propos de The Beautiful Schizophonic aka Jorge Mantas est un peu plus varié mais on ne sort évidemment pas de cet univers pesant et lent. Mantas joue moins sur la répétition mais plus par des formes d’échos sonores qui évoluent au ralenti dans un espace confiné. Jouant sur la sobriété, il fait aussi le choix de mieux maîtriser ses effets en portant ses efforts sur des courtes durées, ce qui peut éviter, à juste titre, toute forme de lassitude.

Mais bien vite on revient à la longue échappée. Le duo formé par Paulo Raposo et l’Américain James Eck Rippie s’attaque à une plongée en apnée, un morceau qui s’appréhende comme une longue descente dans les profondeurs maritimes. Là aussi nappes et drones font bon ménage et les deux hommes réussissent à développer une composition solide, hors du temps et qui connaît une évolution et des formes plus aléatoires que celles utilisées par Grabowski et Mantas.

Ce sixième volume de la série Product est donc plutôt une bonne livraison. Laissant libre cours à une musique résolument tournée vers la poésie et le rêve, les intervenants de ce disque tendent à prouver une fois de plus que l’exigence sonore et les formes abstraites ne sont pas incompatibles avec de sincères émotions. Heureusement.

Fabien

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