“Nowhere: Exercises in Modular Synthesis and Field Recording” reviewed by Revue & Corrigée


Il est d’ailleurs un instrument on ne peut plus électronique qui dit aujourd’hui ce paradoxe apparent, celui de jouer — non, d’utiliser — un instrument sans viser uns musique particulière, juste le simple plaisir de produire du son, comme à son insu: le synthétiseur modulaire, dont c’est actuellement l´âge d’or (alors qu’on le penserait quelque part dans les années 1975), et qui est devenu, plus que la guitare peut-être, cet instrument que l’on branche sans visée musicale, juste pour voir ce que ça va faire. On laisse tourner les sons, on modifie tel paramètre, on touche ci et ça, mais souvent les machines tournent sur elles-mêmes en de prétendues compositions algorithmiques qui ne sont que plaisir de voir les choses se faire comme par elles-mêmes, et en fait rares sont ceux qui plient cet instrument à la production d’une musique précise, détachée de la voie dans laquelle l’instrument nous entraine. Jos Smolders est de ceux-là, et son CD, Nowhere, avec à l’intérieur une photo d’une partie de son instrument (oui, il a et les modules Make Noise et 4ms et Doepfer, Vermona, et d’autres aussi): sa musique est ciselée et précise, on sent qu’elle est dirigée de bout en bout, synthétiseur modulaire ou pas. KTT