Pure est le projet musical de Peter Votava, artiste autrichien que l’on suit depuis quelques années maintenant et dont Ification est le quatrième album après des collaborations avec Martin Siewert et Dieb13 notamment. Si l’on est moins adepte du hardcore noisy de ses premières heures, on est particulièrement fan de ses expérimentations ambient-noise qu’il mène chez Mego, dOc Recordings et maintenant, et logiquement sur le label portugais Crónica Electronica.
Pure est un artiste entier, qui fait une musique sans concession, parfois extrême, mais toujours empreinte d’une certaine poésie, quand la violence devient contenue. Les deux premiers morceaux ne peuvent être plus clairs en terme de contraste : Fire est une succession de riffs de guitares (interprétés par Christoph de Babalon), brutes et saturées qui s’éteignent dans une sorte de déchirement numérique. Abrupte et violent. After the Bomb est un petit bijou d’ambient sombre et mélancolique, composée de nappes graves et de micro-bleeps aigus. Le son se rapproche parfois de l’acoustique d’un violoncelle, et une rythmique apparaît, assez jazzy, interprétée par Martin Brandlmayr pour finir de nous combler de bonheur.
La dominante est tout de même une ambient sombre à base de drones lancinants, de cuivres rappelant une sirène de bateau sur Approximation aux percussions façon théâtre Nô, marquée par endroits d’influences industrielles à renfort de textures de bruits blancs, crissements stridents, et bruit de perceuse ou réacteur d’avion sur le bien nommé Blind Flight. L’Autrichien sculpte le son, marie magnifiquement sonorités apaisantes et dérangeantes, et c’est de cette fusion que naît toute la beauté du projet, l’ambiguïté, l’impression d’entendre dans le creux de l’oreille la respiration d’un monstre effrayé, tapi dans sa caverne.
A propos de monstre, Pure invite la chanteuse Alexandra von Bolzn sur deux titres : Sonomatopeia, parsemés de plaintes, expérimentations vocales, et cris saturés donnant l’impression que la bête sort de sa tannière. La participation de la chanteuse est un peu plus discrète sur Iron Sky, le sublime morceau qui conclu l’album en une véritable explosion. Drones oscillants et mélancoliques, larsens et crissements de vents numériques, textures saturées, et on retrouve les percussions de Martin Brandlmayr qui ajoutent à l’ambiance pesante tout en apportant une certaine énergie à ce véritable bouquet final.
Ification est un parcours sans faute. Le seul reproche qu’on pourra faire à son auteur est de nous avoir fait attendre 6 ans depuis Noonbugs, le précédent album (studio et solo) paru chez Mego. Fabrice Allard
via Etherreal