“Untitled #284” reviewed by Ether Real

Untitled #284
Suite de la série “Untitled” du productif Francisco López, avec cette fois une virée au Portugal puisque cet album sort chez Crónica. Il y a là une certaine logique dans la mesure où ce travail s’appuie sur des enregistrements de Lisbonne réalisés en 1992, et revisité en 2011 dans le cadre d’une commande du Teatro Municipal Maria Matos.

Francisco López a toujours produit une musique très expérimentale, abstraite dans sa composition, mais imagée via l’incorporation de sonorités concrètes. Ce constat s’illustre parfaitement sur cet album composé d’une pièce unique de 43 minutes, durant lesquelles l’artiste s’applique à poser des ambiances, à construire un univers qu’il détruit ensuite à grand coup de sonorités impromptues et de cassures fracassantes.

L’album débute par une intro minimaliste composée de tonalités lourdes et métalliques, comme des coups sourds qui résonnent et créent une ambiance industrielle à la fois calme et angoissante. Lentement ces bruitages laissent la place à des basses sourdes, des souffles et sifflements lointains dont l’intensité ne cesse de diminuer. Et c’est au milieu de ce quasi silence qu’un coup brutal suivi d’un brouhaha et de grincements stridents, comme une pluie métallique, viennent casser l’ambiance.

C’est cette alternance d’ambient isolationiste et de fulgurances bruitistes qui rendra le disque difficile d’accès, l’Espagnol alternant sans cesse entre le tout et son contraire. Car cette cassure bruitiste n’est pas qu’une ponctuation entre deux mouvements, mais bel et bien une épreuve de 3-4 minutes durant lesquelles un sifflement prend le temps de se développer.

< Un peu plus tard, on navigue dans une dark ambient aux sonorités sourdes et lointaine, une cascade d’infrabasses qui devra laisser la place aux remous d’une mer de métal, des clapotis de limaille de fer. Et puis au bout d’une trentaine de minutes, on retrouve le même type de sonorités qui ouvrait l’album. Cette fois elles se liquéfient, se diluent en un tapis de glissements métallisés, un sifflement chuintant et enfin un dernier souffle. Une œuvre exigeante que l’on aura tendance à rapprocher de la musique concrète, ou plus globalement de la musique contemporaine. Fabrice Allard

via Ether Real