Les débats politiques aidant, ces dernières semaines ont vu apparaître une nouvelle tendance que l’on pensait appartenir à un temps révolu : celle du nationalisme, du repli sur soi et du conformisme. Fort heureusement pour nous (amateurs avertis de musique que nous sommes), ces notions nous semblent abstraites et désuètes car l’une des grandes qualités de la musique est son métissage, sa capacité à se confronter à de multiples courants et à se recycler sans cesse pour créer de nouveaux espaces sonores. C’est dans cet état d’esprit que s’inscrit la dernière oeuvre de Ran Slavin.
Originaire de Tel Aviv, Ran Slavin est artiste protéiforme tout à la fois artiste vidéaste, cinéaste et musicien. Avec son dernier projet The Wayward Regional Transmissions, il explore une nouvelle voie : celle de la confrontation entre musiques traditionnelles orientales et électronique par le biais d’accidents numériques ou d’ajouts de gimmicks aléatoires. Uniques et sensorielles, les structures du compositeur israélien s’apparentent à d’immenses paysages souvent désertiques où les collaborations croisées de Ahura Ozerri (Bulbultarang – instrument à cordes venant d’Indes) et de Moshe Eliaha (Oud) servent de trames de fonds, sur lesquelles viennent s’ajouter par couches ou par ruptures des éléments électroniques disparates. Le tout forme un mélange foisonnant et méditatif, une musique en aucune autre pareille, un musique du futur toute emprunte de passé, une musique sans frontière, une musique libre de tout carcan où l’auditeur surpris puis émerveillé se laisse porter vers ses paysages sonores abstraits. L’une des meilleures découvertes du moment.
Dr Bou