“Flow” reviewed by etherreal

Attention, ceci est un disque Cronica !!!

Comme d’habitude avec ce label, on est partagé entre l’a priori positif (on a rarement été déçu par les sorties du label portugais), et l’appréhension d’avoir a faire à un disque un peu plus difficile que les autres, conceptuel, abscons. Cronica Electronica est toujours à la limite, mais s’en sort généralement à merveille en produisant une musique à la fois difficile et sensible.

Flow ne déroge pas à la règle, bien au contraire. Il s’agit peut-être là de la toute meilleure sortie du label, avec ici le troisième album de cet artiste portugais qui a collaboré notamment avec Harald Sack Ziegler, @c, O.Blaat, Scanner, Marc Behrens, ou Simon Fisher Turner pour n’en citer que quelques uns.

Pour ce deuxième album chez Cronica, Vitor Joaquim travail sur l’intime, sur la mémoire et sur l’interaction entre l’humain et les machines, en attribuant à celles-ci une dose d’humanité. On le verra plus tard, le résultat est troublant.

A propos d’intime et de mémoire, les huit titres qui composent cet album contiennent le terme “Moments” : Moments of Skin, Slow Moments, Thinking Moments, Moments of Emptiness, ou ce Moments of Your Time qui ouvre l’album en ne laissant aucun doute quant à la qualité globale de l’album. Finesse, délicatesse et précision sonore semblent guider l’artiste qui agence ici clicks, tintements acoustiques, grésillements de machine, discours sur ondes radio et hésitations de laptops. L’occupation de l’espace sonore rassure en se faisant douce et cotonneuse, et les constructions (utilisation de boucles plus ou moins perceptibles) contribuent à l’aspect hypnotique de l’album.

Enchaînement parfait pour parler de Slow Moments et de l’imbrication Hommes-Machines. Une intro que je renierais pas AGF avec une voix féminine au filtrage cybernétique nous parle de la confrontation entre le besoin d’intimité et le danger que représente celle-ci. Vitor Joaquim traite de la nature humaine et de ses contradictions dans une musique alliant douceurs et fractures, voix et machines arides. L’imbrication sera à son apogée sur Moments of Sync et Thinking Moments où une machine semble respirer. Les hésitations vocales nous rappellent d’ailleurs le récent Wordless de Yannis Kyriakides qui supprimait tout les mots d’interviews pour ne garder que les soupirs, respirations et autres bruitages buccaux.

Parfois, une guitare fait son apparition, révélant une mélodie immédiate qui se faufile entre les machines, ou se faisant justement déformée, syncopée et mise en boucle par l’électronique pour un résultat toujours envoûtant et hypnotique (Moments of Emptiness).

Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce label, Flow constitue un excellent point d’entrée, tout à fait accessible tout en restant fidèle au son du label. Les autres craqueront une nouvelle fois et reviendront certainement sur cet artiste talentueux.

Fabrice Allard

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