Le media-label Cronica ne finira sans doute jamais de nous étonner. Alors qu’il nous avait habitué à des disques difficiles d’accès, dont les plus extrêmes sont assurément ceux d’Autodigest, voilà qu’ils sortent un disque plus « grand public ». On aura décidément tout vu. Même si ce disque apparaît comme plus ouvert il s’adresse tout de même à un public averti qui saura apprécier les clins d’œils nombreux à une musique électro qui prend sa source à la fin des années 80 et au début des années 90. Le troisième album du duo Börgulfsson & Ohlsson surprend autant qu’il n’intrigue. Börgulfsson l’avait laissé sur la collaboration qu’il avait faite avec Pimmon et Helgi Thorsson pour le même label Cronica (Still Important Somekind Not Normally Seen (Always Not Unfinished) – 2004). Autant dire que les deux projets n’ont rien à voir sinon que cela reste de la musique électronique. Si la précédente référence chez Cronica avait des tendances plus expérimentales, l’approche sur ce disque est manifestement plus détendue. Börgulfsson et Ohlsson admettent des formats plus simplistes, plus accessibles sans pour autant que cela soit de la musique facile et désuete.
Ici c’est plus un manifeste pour une musique électro qui allie le cérébral et le groove. Au début des années 90 on avait parlé d’une techno intelligente qui se distinguait de ce qu’on avait l’habitude d’entendre sur les dance-floors anglais ou belges. Le but était de garder un côté populaire tout en donnant une architecture musicale plus adulte ou tout du moins pour un public qui se fatiguait d’une techno primaire et toute dirigée vers les excès les plus outranciers. L’évolution était sans doute inévitable. Donc oui King Glitch fait furieusement penser à cette nouvelle scène électro 90’s qui déjà s’inspirait des types comme Richard H.Kirk ou des mouvements initiés par des villes comme Détroit. Sans être d’une richesse sonore démesurée ce disque arrive à allier simplicité technique et complexité mélodique pour le grand bien de nos oreilles. Ce disque amorce peut-être un nouveau virage dans la politique du label portugais. Quoiqu’il en soit cette structure sera toujours un des défenseurs des musiques inventives. Ce disque en est une preuve supplémentaire.
Fabien