“A Compressed History of Everything Ever Recorded, vol.2: Ubiquitous Eternal Live” reviewed by Fear Drop

Voici un disque spécialement destiné aux chroniqueurs qu+il défie par son concpet initial radical. Si l’audace artistique est amplement auscultée, décryptée, décortiquée par les journalistes encartés ou passionnés, l’audace éditoriale des labels l’est beaucoup moins, peut-être par réflexe consumériste qui veut que la démarche de chroniqueur renvoie fatalement à l’acte commercial de production d’un produit, même si la bonne volonté non lucrative des protagonistes n’est pas toujours à mettre en doute. Ce second volume de l’anthologie très spéciale de la musique selon Autodigest pourrait donc apparaître comme un suicide commercial s+il n’était pas inscrit dans une démarche partagée entre le situationnisme et et la critique musicologique. La plage unique de ce disque, uniquement composée d’applaudissements de concerts avec de variations et des intensités successives, expose la nature symbolique du disque dans une société du spectacle et de la consommation de masse. La musique dite d’avant-garde elle-même tend à devenir une nouvelle form de pop, la précédente étant tombée dans la fange nostalgico-recycleuse. C’est alors bien leur propre processus consumériste qui excite les auditeurs et non plus leur intérêt dans le contenu artistique du sopport. Ce fatalisme est exacerbé par une ironie poussée jusqu’au non-sens, jusqu’à l’invitation à activer le mode “repeat”. Ce live ubiquiste éternel est aussi un pied de nez à l’industrie du disque qui joue la victimisation doublée d’une diabosilation des effets d’un système qu’elle a elle-même engendré par pur intérêt mercantile, dans le mépris total de l’intelligence du public. Ce second volume peut donc être perçu comme une forme d’hommage à ce système autodestructeur, un disque à la fois humaniste et radical à ranger auprès du single au papier de verre “I’m Psycho for your love” de Dust Breeders.

Jérôme Langlais

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