Aujourd’hui, ils poussent le concept un peu plus loin. Après avoir détruit la musique, maintenant qu’il ne reste plus rien, à l’heure où celle-ci se dématérialise sur internet, il ne reste plus que les auditeurs, le public, et c’est ce public qui fait l’objet de ce deuxième volet.
Le disque ne contient qu’un seul morceau d’une heure, sur lequel on entend le public applaudir. La musique est complètement absente. Le morceau commence par une brève séquence bruitiste nous faisant penser à un vaisseaux spatial franchissant la vitesse de la lumière, nous téléportant dans l’univers d’Autodigest : les membres d’un groupe lancent un “Thank you !… Good night !!” et les applaudissements fusent. Pendant une heure ils ne ralentiront pas, tout juste laisseront-il un peu de place à des cris hystériques d’une foule en délire. Et Autodigest ne fait pas les choses à moitié. Les enregistrements qui doivent leur servir de matière première ont certainement été effectués dans des salles immenses, voire même des stades pour obtenir un tel résultat. Le morceau termine comme il a commencé, “Thank you !… Good night !!” et la même séquence bruitiste pour revenir à la réalité.
Alors quoi ? Délire conceptuel ? Certes, mais encore ? On pourrait y voir là le rêve d’un artiste qui n’aura jamais autant d’applaudissements, et qui du coup enregistre l’ovation de ses rêves. Ou bien encore comme un hommage au public oublié sur le premier volume.
Toujours est-il que Autodigest poursuit son engagement, sa recherche, sa critique de la société du spectacle, d’une soit disant culture “pop” en mettant l’accent sur sa futilité (ici le public n’applaudit personne) et le besoin que nous avons de nous distraire, de nous amuser, d’aimer et de le faire savoir.
Un disque qui ne laissera personne indifférent et qui devrait même provoquer des réactions très tranchées. Entre génie et foutage de gueule, nous avons choisi.
Fabrice Allard