Plus qu’un project, Autodigest est un concept porté à son point le plus extrême. Pas d’auteur, pas de dates et pas de lieu de naissance. Juste une ambition démesurée, celle de compiler tout ce qui a jamais été enregistré par l’être humain.
On se doute, musicalement, le résultat n’a que peu de chances d’être reconnaisable, tant les procédures de compression appliquées ici ont été radicales. Décrit par ses non-auteurs comme l’equivalent sonore d’un trou noir, Autodigest s’em rapproche effectivement, tant on a l’impression de perdre pied, d’essayer en vain de comprendre un dialogue crépitant entre des milliards de processeurs éparpillés, tant les ralentis parfois brusques et les bribes vaguement audibles rendent l’ensemble à la fois crispant et intriguant, le summum étaint atteint par la simple second live de “60 Hours in One Second”. Ajoutez-y une “vidéo” (une minute d’ecan noir pour une simple image contenant probablement tout ce qui a jamais été filmé) et vous serez prêts à plonger au-delà du réel une fois pour toutes.
Jean-François Micard