“Praxis” reviewed by Etherreal

Praxis
Cem Güney est d’origine turque, et c’est influencé par le jazz et en particulier par Miles Davis qu’il s’est mis à la trompette. Puis il est parti faire des études de musique en Californie, revient en temps que DJ tout en continuant la trompette, et connaît sa deuxième révélation musicale avec Janek Schaefer, s’orientant alors vers l’art sonore.

On est habitué chez Cronica à des ¦uvres pointues, exigeantes, et cet album de Cem Güney se situe dans cette lignée d’albums expérimentaux souvent à la limite du concept, mettant en phase des composantes ambient et concrètes qui semblent communier au grès de manipulations sonores et assemblages abstraits pour des rendus qui pourront surprendre par leur variété. C’est le cas en particulier de A Phonetics Theme qui ouvre l’album avec un travail très particulier, simple collage alternant presque de façon mathématique mots, sonorités concrètes et bruitages électroniques ou traitements sonores.
On est par ailleurs dans un registre ambient expérimentale, bien loin de la facilité des nappes synthétiques puisque les paysages désolés que dessine le Turc se composent de drones sourds et sifflements suraigus (Somewhere Between The Middle), flirtent avec le minimalisme radical et les extrêmes sonores d’un Ryoji Ikeda qui serait habillé d’amas granuleux sur Impulse, ou se rapprochent d’une musique improvisée qui deviendrait mécanique à force de boucler (Factitious Phobia).
Parfois très difficile d’accès avec ses notes stridentes sur Praxis, Cem Güney sait aussi capter l’attention de l’auditeur lorsque ses compositions semblent influencer par le Nada Yoga (une forme de méditation basée sur la musique et qui a servi de point de départ à Behold Now Bhikkus, The Sounds of Nada Yoga), jouant de superpositions, répétitions et ondulations sonore sur le magnifique Adaptations qui devrait ravir tout fan d’ambient. On citera enfin Undulations, une pièce de 10mn débutant par des vinyls de cordes craquelée, logiquement dédicacée à Janek Schaefer, et construite selon une lente progression électronique et synthétique.
Loin d’être le plus facile des albums Cronica, Praxis est le genre d’album qui mérite qu’on lui laisse le temps de s’installer pour dévoiler par endroits sa poésie mystérieuse. 6/8 Fabrice Allard

via Etherreal

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