“Lovely Banalities” reviewed by Etherreal

Lovely Banalities
Après le double album Lengvai / 60 x one minute audio colours of 2kHz sound en 2006, voici le deuxième long format du Lithuanien à paraitre sur le label portugais chez qui il a entre temps sorti quelques productions en format numérique.

Son précédent album était composé de deux facettes très distinctes de son travail, avec d’une part un CD d’une electronica minimale du plus bel effet (que l’on comparait à un croisement entre Frank Bretschneider et Pan Sonic) et d’autre part un travail purement conceptuel sur une fréquence sonore. Heureusement, Gintas K semble être revenu à un travail artistique plutôt que scientifico-didactique, avec comme son titre l’indique un travail sur la beauté des banalités du quotidien, essayant de s’attarder sur ce que l’on ne voit plus, ne perçoit plus car complètement intégré dans notre quotidien. Pour cela, il travaille sur des field recordings mais au lieu de les présenter tel quel à la manière d’un Chris Watson qui va chercher sa matière première aux quatre coins du monde, Gintas Kraptavičius enregistre les sons de sa ville un après-midi de grands vents, et les met en musique, jouant des contrastes entre composition et sonorités ambiantes.
L’album est découpé en 14 pistes qui sont autant de compositions électroniques minimales, aux sonorités pures voire brutes quand elles se font plus dures. Les field recordings ne sont ici pas forcément apparents, généralement réservés aux introductions et conclusions, servant de liant entre chaque vignettes sonores. On pourrait trouver le choix artistique décalé (est-ce que pour traiter des banalités du quotidiens ces fields recordings ne devraient pas être les éléments centraux ?), mais le Lithuanien tend à composer sa musique comme une banalité, quelque chose de simple. Si le travail de recherche sonore est indéniable, les compositions se révèlent être minimales, jouant énormément sur les boucles, la superposition de notes répétitives en multiples strates (Lovely Banalities, Music Box), s’essayant au drone (C2) avec une montée monstrueuse puis laissant filer le cours d’une rivière (HH3), usant d’effets de frétillements et autres bouillonnements (Q, Just 1), clapotis numériques (Before When) ou tintements de bois créant une sorte de pluie mélodique (When I Was Able To Laugh 2) comme pour reproduire ou évoquer des bruits de notre quotidien.

Gintas K produit ici une musique a priori difficile d’accès, plutôt abstraite, avec des sonorités inhabituelles, des mélodies rares mais superbes, bref une musique expérimentale mais avec une démarche particulièrement poétique. Fabrice Allard

via Etherreal

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