“Never So Alone” reviewed by Liability

Never So Alone
Qui doute encore aujourd’hui que le field recordings est une affaire de solitaire ? Cette musique s’est toujours adressée à des auditeurs isolés et n’est clairement pas faites pour les foules beuglantes. Cela a toujours été une question d’introspection, d’immersion dans une sphère sonore organisée qui s’appuie sur un environnement commun qui peut être autant urbain que naturel. Ici, Simon Whetham, nous le rappelle très justement et nous fait comprendre qu’il ne pourrait en être autrement. Essayer de populariser le field recordings serait, en quelque sorte, le dénaturer et lui enlever toute l’essence pour laquelle il a été créé. Donc oui, cette musique touche parce qu’elle a un caractère tout à fait personnel et elle ne s’épanouit que par la discrétion dans laquelle on l’écoute. Et on ne pourra apprécier que de cette manière ce Never So Alone qui, pour le coup, explore les sonorités glanées à Lisbonne. Simon Whetham ne s’est pas penché sur l’effervescence de la ville mais bien sur des sonorités précises, des instants de vie, des paroles qui s’échappent, un tramway qui passe, le mouvement de l’eau… Le procédé n’est pas spécialement nouveau mais l’intérêt d’un disque comme celui-ci c’est toujours l’organisation des sons et l’impression de découvrir des espaces inédits et inexploré qui façonnent votre imagination. De ce point de vue, Never So Alone remplit assez aisément sa fonction et Simon Whetham montre ici toute sa qualité de sculpteur sonore. Ce britannique quadragénaire des plus prolifiques (plus d’une quinzaine d’albums depuis 2008 sur des labels comme Trente Oiseaux, Line ou Lens Records) nous invite ici à nous détacher d’une vision trop terre à terre de ce qui nous entoure. Il nous incite à nous concentrer sur ces nombreux petits détails qui passent la plupart du temps inaperçus et pour lesquels il apparaît nécessaire de s’y attarder longuement. C’est pour cela que Simon Whetham semble prendre son temps, délivre une musique étirée et qui ne semble n’avoir ni fin ni début. Un bel ouvrage aussi esthétique que poétique. Fabien

via Liability