“Product 06” reviewed by Octopus

Faisant désormais référence dans le monde parfois hermétique des musiques ambiant post-industrielles, le label portugais Cronica joue la carte d’une certaine cohérence avec ce sixième volet de la série Product. Drones fantomatiques et field recordings à la noirceur soutenue sont de circonstance dans cet étrange ballet cérémoniel où sont conviés trois projets déjà présents sur la plus éclectique et récente compilation Essays On Radio. Une appréciation particulièrement vraie pour “But I’m not”, la longue pièce hantée de Pawel Grabowski qui introduit l’album et les morceaux aux envoûtantes lignes de fuite teintées d’ésotérisme de The Beautiful Schizophonic (aka Jorge Mantas) regroupés sous le nom de code “Love songs for a psychoacoustic girl”. De l’amour, on ne sait trop s’il en est question chez le musicien portugais (même si l’auteur revendique certaines influences du côté d’un romantisme d’apparat et d’une certaine littérature gothique) ou chez son confrère polonais. Mais en matière de jeux de captations d’ondes balayant des atmosphères flottantes, de mises en abîmes plongeant dans des ambiances aqueuses glauques et de dialogues fugitifs se nouant et se dénouant dans des contre-champs mortifères, The Beautiful Schizophrenic et Pawel Grabowski ne ménagent aucun effort. Une approche réussie mais sans contraste que “Naturaleza morta”, la pièce finale de James Eck Rippie et Paulo Raposo, vient subtilement compléter en apportant une touche abstraite décalée, procédant de la dimension sonore plus vivante apportée par les sources concrètes que manipule le platiniste américain et par les miroitements ambiant soyeux du stratège lusitanien.

Laurent Catala

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