“Product 05” reviewed by Etherreal

Nouveau split de la série Product de chez Cronica, qui nous permet de découvrir cette fois Freiband, que l’on connaissait auparavant en tant que membre de Goem (Raster Noton, Noise Museum), mais qui a déjà sorti quelques albums solo, notamment chez Ritornell. On ne connaissait pas non plus Boca Raton, et l’on découvre que c’est en fait le fondateur du label Stitching Mixer dont nous avons déjà parlé lors de la sortie des mini-CD d’AGF ou Lionel Marchetti.

Ce cinquième volume de Product est donc l’occasion de découvrir deux artistes, avec pour chacun d’eux un live enregistré alors qu’ils se produisaient au EARATIONAL Festival en mars 2004.

Alors que cette série est l’occasion de rapprocher deux artistes d’univers un peu différents, on se trouve ici avec d’une part deux musiciens qui ont partagés la même scène à la même époque, mais surtout deux artistes qui partagent un même univers, sans concession, et difficile à appréhender. En effet, Freiband et Boca Raton oeuvrent dans un style expérimental et minimal, avec des bruitages généralement abstraits, a priori purement électroniques, et qui paraîtra complètement hermétique à ceux qui ne sont pas sensible à ce genre de travail sur le son.

Pour notre part, on appréciera la performance de Freiband qui se charge de la première moitié de l’album, parvenant à dégager une certaine sensualité de ses machines. Ses graves ronronnements et chocs se révèlent inquiétants sur Crystals, ses chocs frétillants nous font penser à un pic-vert sur Regrets, ou des oiseaux qui caquettent sur Hours. Sa palette sonore est riche en drones, souffles, grésillements, crépitements, ronronnements, et il organise sa toile en longues superpositions de couches progressives, formant au final une plage expérimentale mais ambient d’une trentaine de minutes, plutôt agréable.

Si Boca Raton utilise plus ou moins le même matériau de base, il donne l’impression quant à lui de vouloir rester imprévisible. Moins de systématisme dans la forme pour un résultat plus chaotique donc mais aussi plus minimal, utilisant le silence comme un son à part entière. Son jeu est à rapprocher des expériences électro-acoustiques ou concrètes, d’autant plus qu’il utilise des sons réels, des field recordings, comme en témoigne cette apparition de chants d’oiseaux sur Circle ‘ 7. Autre exercice de style assez commun dans ce genre musical, la tentative d’imiter des sons réels avec des machines. Ainsi on peut penser à des feuilles qui courent sur le sol au gré du vent (Circle ‘ 4), une voiture qui roule sur des graviers ou des pas sur des feuilles mortes (Circle ‘ 6), un avion qui traverse le ciel (Circle ‘ 8), mais au final on se demande si ce n’est pas nous qui essayons de trouver quelque chose à quoi se raccrocher dans ce dédale abstrait.

On sort donc un peu déçu par ce cinquième volet qui répond complètement à l’exigence du label portugais, mais qui risque aussi de laisser quelques auditeurs sur le palier. A réserver aux plus exigeants ou difficiles.

Fabrice Allard

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