Difficile de s’en rendre compte à la lueur de sa contribution à ce split CD enregistré live en mars dernier, mais Frans de Waard, alias Freiband, l’un des musiciens les plus actifs sur la scène post-industrielle depuis les années 80 (à travers Kapotte Muziek, Beequeen, Goem, Shifts et Quest), s’est récemment découvert un amour renouvelé pour la pop, les structures de chansons et les guitares prenant peu à peu la place dévolue aux drones circulaires dans ses différents Difficile de s’en rendre compte, car s’il a utilisé ici comme matériau des samples de son album Microbes, il les a immédiatement massacrés dans les replis des plantages volontaires de son disque dur pour les rendre méconnaissables. Le résultat, toujours qualifié de “pop-music” par son auteur (mais dans le sens d’une musique qui explose et fait des bulles), est composé de onze titres de glitch claudiquant et granuleux, de pop-songs chitineuses riches en surprises. Plus organique, Boca Raton s’installe pour sa part sur la frontière entre l’électronique et la musique concrète, tirant de cette dernière des éléments du réel qui viennent enrichir des tessitures électroniques épaisses, des raclements de fichiers contre des murs de pixels, des nuages e drones qui obscurcissent “Crop”, un voyage en huit cercles concentriques vers un centre évidemment étranger à cette Terre, comme la musique ici révélée.
Jean-François Micard