Keiko Uenishi, puisque c’est son nom, vit et travaille à New-York où elle crée des installations sonores et collabore avec la fine fleur des laptopeurs expérimentaux (Ikue Mori, Kaffe Matthews, etc…). Une asiatique vivant à New-York donc, et qui sort ici sont premier album sur le label Portugais Crónica. Pour couronner le tout, elle créé son site internet en Autriche, rien que pour s’amuser de l’extension “.at” puisque l’adresse de son site internet est http://obla.at. Vu la musique que celle-ci produit, que l’on pourrait rapprocher des Autrichiens de Mego, la supercherie est presque parfaite.
Comme le titre de l’album le laisse entendre, celui-ci est composé de 2 pièces, elles-mêmes divisées en 9 pistes. On distinguera logiquement celles-ci tant le ton et la forme diffèrent. Gaze est la pièce la plus facile d’accès, quoiqu’alternant expérimentations difficiles et flirts avec d’autres genres connus, plus faciles à appréhender donc. Mais sur Gaze, Keiko Uenishi n’est pas tout à fait seule puisque l’on y trouve de nombreuses collaborations avec Kaffe Matthews, DJ Olive, Aki Onda, ou encore Ikue Mori pour ne citer que les plus connus. Au fil des 36 minutes que dure cette pièce, on passe du coq à l’âne, et c’est cette alternance de styles qui contribue à une certaine richesse, et une impression de vie fourmillante, à l’image des deux premiers morceaux. On a régulièrement l’impression d’entendre des bruits d’animaux, piaillements, bruits de basse-cours, qui s’organisent petit à petit avec des bruitages électroniques ou notes acoustiques, évoquant tour à tour la musique concrète des années 70, une musique classique contemporaine avec des voix haut perchées, des cordes ou un piano lointain, ou encore de l’impro électro-acoustique minimale sur Froid qui clôture cette première partie plutôt enthousiasmante.
Fabrice Allard