S’il aime comparer son travail à celui du calligraphe, Jos Smolders sculpte les sons plus qu’il ne les peint, composant des structures au fluxes mouvants, où glitches scintillants et bruitages familiers forment un tout à la précision abstraite.
Car l’abstraction est ici partout et ailleurs, comme poussée par ces sons qui changent de consistance, à l’image de trains et d’avions qui se muent en lasers soniques, prêts à dépasser la vitesse de la lumière, de cloches et de carillons devenant des souffles scintillants ou impétueux. Les éléments disposés se liquéfient pour prendre de nouvelles formes, mordant l’espace pour s’en imprégner et l’habiller de couches modulables à la palpabilité étrange.
Tout est dit dans le titre de l’album, Nowhere: Exercises in Modular Synthesis and Field Recording, ne cherchant pas à tricher sur le contenu et le contenant. On est captivé de par la faculté de créer avec si peu de choses pour en dire autant, travaillant chaque élément pour lui donner une carapace calme et pourtant secouée d’éruptions granuleuses et de matière minérale.
Jos Smolders sait ébranler la quiétude avec ses irruptions rythmiques portées par les mouvements eux mêmes, se résumant à des variations pointillistes aux changements de direction permanents, entrainant l’auditeur dans un espace aux allures de trou noir rampant, avec ses étoiles emprisonnées et son Cosmos invisible. Lumineux.
Roland Torres