“Berlin Backyards” reviewed by Etherreal

Berlin Backyards
Gilles Aubry est originaire de Suisse et vit à Berlin depuis 2002, où il produit sa musique aussi bien en solo qu’au sein de groupes dans des styles variés, allant du doom metal en tant que Monno (chez Conspiracy Records) aux musiques improvisées avec Swift Machine. En solo il travaille plutôt dans le domaine du field recording et compose des pièces qui sont généralement utilisées dans des installations sonores. C’est dans esprit qu’a été composé Berlin Backyards, l’album étant construit à partir d’enregistrements réalisés dans des cours d’immeubles berlinois durant l’hiver 2006.

Alors que l’on aurait pu avoir ici un album documentaire, Gilles Aubry a choisi d’appliquer une méthode de composition à ses enregistrements, leur donnant une touche personnelle et artistique. Le choix se défend, mais on trouvait intéressant, à titre historique, sociétal et urbanistique, de documenter de manière sonore l’état d’une ville à un instant t, quitte à renouveler l’expérience tous les dix ans par exemple. C’est pourtant ce que fait Gilles Aubry en posant ses micros dans des arrière-cours, enregistrant à la fois la ville, lieu public (moteurs des voitures, crissement des freins, marteau-piqueurs, verre qui s’éclate dans un conteneur de recyclage, oiseaux) et la sphère privée avec les bruits propres à un immeuble et à ceux qui l’habitent (pas dans une cage d’escalier, ruissellement, voix, système de ventilation).
Le travail de composition tend à uniformiser tous ces enregistrements, formant une seule pièce découpée en huit mouvements enchaînés. Le son y est sourd, souvent dominé par des souffles, drones et bruits de machines conférant à l’album une composante industrielle non négligeable. Mais surtout, ces souffles et oscillations nous donnent l’impression d’être dans le ventre d’une énorme machine à la respiration fatiguée, une machine que l’on appellerait cité ou métropole.

Si le travail est intéressant, on n’adhère pas totalement au projet qui nous laisse un peu sur notre faim. Musicalement, les amateurs d’ambient industrielle (pas forcément dark d’ailleurs) devrait y trouver leur compte. Fabrice Allard

via Etherreal

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