“eins bis sechzehn” reviewed by Etherreal

eins bis sechzehn
Ephraim Wegner sort ses productions chez Cronica depuis 2007, mais elles étaient jusque là toutes disponibles en version numérique, notamment sous forme de podcast, et nous en n’avons donc jamais parlé. Eins Bis Sechzehn est un objet un peu particulier, d’un format un peu plus grand qu’un CD mais ne contenant qu’une vingtaine de minutes de musique. Il s’agit aussi d’une collaboration avec Julia Weinmann, artiste photographe dont le travail accompagne le disque sous forme d’une série de photographies d’hôtels abandonnés.

Car c’est bien là le sujet, des hôtels de luxe construits entre les années 60 et 80, prévus pour assurer le bonheur des touristes dans des stations balnéaires qui seront petit à petit délaissées. Les photos de l’Allemande en témoignent avec un travail typique du genre urbex, mais présenté sous forme de séries de photos extrêmement similaires.

C’est dans ces hôtels que Ephraim Wegner a puisé sa matière première sous forme de field recordings qui ont ensuite fait l’objet de lourds traitements, notamment par synthèse granulaire tandis que d’autres sont délivrés tels quels et témoignent de l’ambiance des lieux, comme le bruit de la mer que l’on voit par la fenêtre ou des enfants qui jouent sur la plage. On le remarque tout de suite, musique et photographie fonctionnent véritablement de pair et l’auditeur/spectateur se trouve comme projeté dans ces intérieurs délabrés.

La musique est expérimentale, abstraite, s’appuyant très largement sur des textures lourdes, denses et minérales, ponctuées de coups sourds et raclements, comme si l’artiste manipulait des objets lourds, des débris de ces ruines d’hôtels tandis que le bruit de la circulation et des chants d’oiseaux se font entendre au second plan (2_1 2_2).

Étant de courte durée, l’album se compose de 6 titres de 2 à 3 minutes dont la forme est assez proche, croisant textures, sons concrets et field recordings, avec parfois un travail plus minimaliste centré sur des textures épaisses. On distinguera 5_1 5_2 5_3 5_4 5_5 qui, au long de ses 8 minutes explore de nouveaux procédés. Des claquements frétillants en ouverture, puis des tonalités électroniques un peu nasillardes qui oscillent et s’assombrissent tandis que d’étranges bruitages continuent à hanter le lieux.

On aimera beaucoup ce travail, la complémentarité entre musique et visuels, mais on regrettera la très courte durée de ce disque. Fabrice Allard

via Etherreal