Quarz est un projet très particulier dirigé par Alexandr Vatagin que l’on connait pour son travail au sein de Tupolev et Port-Royal. Quarz n’est pas un groupe mais un projet à géométrie variable qui, au fil du temps, a vu passer Nicolas Bernier, Stefan Németh (Radian), Alexander Schubert (Sinebag) et Martin Siewert (Trapist). Du très beau monde auquel se sont joints deux invités : Bernhard Breuer (Métalycée) aux percussions et David Schweighart, responsable de quelques field recordings. L’enregistrement s’est fait en plusieurs étapes et séparément, chaque musicien venant rajouter sa contribution aux précédentes sessions. C’est ensuite Alexandr Vatagin qui s’est affairé à un complexe travail de mixage afin d’assembler de façon cohérence tous ces enregistrements.
L’album contient une pièce unique de près de 35 minutes qui passe par différents stades et qui croise divers style musicaux avec toutefois une nette dominance pour les musiques improvisées au sens large. Le disque s’ouvre sur de fins tintements suraigus, des glissements électroniques subtilement mélodiques, quelques basses sourdes et crachotements pour une introduction dominée par l’électronique. Mais très vite de nouvelles sonorités font leur apparition dans un assemblage abstrait qui fait basculer l’œuvre vers la musique concrète avec bribes de cuivres et impression de marteau piqueur. Les 35 minutes se décomposent en plusieurs mouvements par l’utilisation de coupures quasi silencieuses, des respirations avant d’enchainer dans un même registre. Les éléments sont alors en place et chacun s’affirme dans un passage à la fois dense et acéré, où acoustique et électronique trouvent leur équilibre alors que les balais flirtent avec la peau des caisses claires.
Quelque soit la construction ou les sonorités utilisées, l’ambiance est toujours calme, apaisée. Les longues résonances métalliques des cymbales, les tonalités électroniques ponctuées de clochettes, les douces notes de clarinette et guitare, tout contribue à faire de cette musique un croisement entre post-rock ambient et improvisation. La guitare prend d’ailleurs un peu plus d’importance sur la deuxième partie, croisant nappes, textures grésillantes et ondes radios avant d’aborder un étonnant et superbe final. Alors que l’électronique a repris le dessus à base de micro-sifflements et nappes ambient, les percussions échafaudent tout doucement une structure rythmique qui finit par exploser. Les 2mn qui restent sont alors de toute beauté, riches, puissantes, débordant d’énergie, dans la lignée des titres les plus réussis de Radian. Fabrice Allard
via EtherREAL