Décidément cette rentrée musicale est, pour ma part, placée sous le signe des disques en marge. Ceux hors normes, difficiles d’accès lors de la première écoute mais qui au final se relèvent merveilleusement beaux. Le premier album Musicamorosa de The Beautiful Schizophonic en fait partie ; distillant ses charmes envoûtants au fil des écoutes successives.
Composé autour de l’œuvre de Marcel Proust, Musicamorosa est un album de “done music”. Une musique composée à base d’instruments classiques (claviers et guitares) et d’habillages électroniques le tout fondu en un amas sonore compact formant une masse musicale dont les lentes variations s’égrènent délicatement au fil des minutes. En résulte un subtil mélange entre bruits/bourdonnements et ambiances electronica (la rythmique en moins) formant d’abstraites plages sonores. Prenant pour titre un extrait de l’œuvre de l’écrivain français, chacune des compositions de The Beautiful Schizophonic soustrait aux mots leur grammaire musicale alternant silence, chuintements à peine audibles ou volubilité atmosphérique. Un parallélisme entre sons et mots mis en exergue sur le morceau “La Lectrice” ou Colleen, seule, lit à haute voix un extrait d’écrits de Proust avec pour seul décor la musicalité de sa voix et des mots.
Empruntant à Proust son élégance et son romantisme littéraire, The Beautiful Schizophonic (de son vrai nom Jorge Mantas) compose ici un album aux charmes alambiqués ou alchimie des mots et ambiances sonores s’entremêlent étroitement laissant planer la préciosité de quelques autres grands noms comme celui d’Eric Rohmer, d’Edgar Allan Poe ou de Wong Kar Wai….