Freiband est l’incarnation, on le sait, de Frans de Waard (Kapotte Muziek, Goem, Beequeen) mais pour ce nouveau projet on pourra l’associer à sa fille, Elise, qui, pour une grande partie, est responsable de ce que contient ce disque. Si Mark Nelson s’était servi de sons prénatals, de Waard a utilisé la spontanéité de son enfant, la laissant se servir d’objets aussi divers que variés qu’il utilisait pour Kapotte Muziek. L’expérience est d’autant plus étonnante que Elise, dont le nom servira en anagramme pour le titre de l’album, avait trois ans à l’époque des faits. On pourrait légitimement penser qu’une enfant de cet âge n’est pas en mesure de créer une musique réfléchie et en adéquation avec un concept musical donné. Ici Frans de Waard l’a juste laissée aussi longtemps et aussi librement que possible au milieu de ses instruments. Bien sûr, le matériau brut ne pourrait rien donner de probant. Frans de Waard a donc eu tout le loisir de retravailler les divagations sonores de sa fille afin de créer ce très abstrait Leise.
Comme on pouvait s’y attendre, Freiband s’est vite dirigé vers une veine électronique minimaliste, donnant ainsi une touche électro-acoustique à l’ensemble. Mais même si, de sa part, on n’est guère surpris par le résultat, on se laisse malgré tout piéger par la maîtrise des traitements sonores. Si on reste dans le giron minimaliste et abstrait, Freiband sait faire une musique pointilleuse qui prononce les détails avec un soin particulier. Entre une musique presque sussurée et une volonté de rendre harmonieux ce qui, de prime abord, ne l’était pas forcément, Frans de Waard a fait la preuve, une fois de plus, qu’il fait partie des meilleurs tailleurs de sons actuel. Même si on le savait déjà , le Hollandais nous rappelle, à juste titre, que tout peut être transformé, restructuré et peut avoir une fonction différente de celle à laquelle il était déstiné. De ce fait, Leise n’en est que plus délectable et nous apparaît comme le témoin d’une musique qui ne cesse de se ré-inventer.
Fabien