La délicatesse toute féminine de Keiko Uenishi participe à uma nouvelle option dans l’electronica minimaliste. Après de nombreuses collaborations scéniques, elle publie son premier album en deux actes. Two novels: gaze témoigne de sa volonté interactive en invitant parcimonieusement certains de ses collaborateurs fétiches. Des noms connus apparaissent autour de cette artiste énigmatique. Car O.blaat interroge sur la nécessité de personnification de l’ouvre artistique. D’abord en choisissant un pseudonyme, ensuite en donnant des concerts dont la scène reste vide, le seul témoignage de sa présence étant un cordon lumineux qui relie la scène au backstage, où l’artiste joue physiquement. Sur Two novels: gaze, elle garde pour elle les pièces les plus ludiques, les forêts digitales enchantées où les pixels aux ailes crépitantes butinent sereinement. Le rythme n’est jamais totalement absent de cet univers soucieux du détail mais coloré par des bribes mélodiques. C’est aussi par le choix des collaborations que O.blaat exprime sa volonté d’enluminer le monde de l’électro pointilliste. Echo asséchés em compagnie de Kaffe Matthews, promenade crépusculaire au bord d’un lac mauve peuplé de grillons et de hiboux numériques avec DJ Olive, demi-sommeil sous une bruine matinale avec Aki Onda… l+univers onirique de O.Blaat est humain. In the Cochlea est le volet plus intimiste du disque. Lorsqu’elle est seule aux commandes, O’blaat y travaille plus sur les volumes. L’écoute au casque s’impose, comme pour un dialogue privilégié avec l’artiste. Les micro-mouvements en strates multiples enlacent les drones, puis sous le sédiment la vie microscopique alterne entre silence eu sauts de larves amplifiés. Comme une fourmi, Keiko Uenishi est subtile bien qu’invisible.
Jé.L.