Une nouvelle sortie sur le label portugais Cronica, ne faisant que confirmer la qualité de celui-ci, il est vrai très pointu, et à la croisée de différents styles musicaux. Ambient, noise, electronica, et ici une fusion plus originale encore, mélangeant ambient, minimal-techno, et musique improvisée puisqu’il s’agit en l’occurrence de plusieurs concerts enregistrés l’année dernière en compagnie de guitaristes notamment, et qui ont été édités et retravaillés par la suite jusqu’à obtenir ce troisième album de @C.
On a d’abord l’impression d’être un peu en terrain connu avec un premier titre qui nous rappelle quelques concerts mêlant laptop et guitare, le premier servant tout autant à rajouter quelques bruitages mécaniques, des objets qui s’entrechoquent, qu’à traiter en direct les notes de six cordes qui diffusent une très lente mélodie. Un mélange plutôt original et superbement rendu que l’on pourrait comparer à un croisement entre Labradford et Hazard.
Changement complet de style sur le morceau suivant qui se rapproche plus classiquement de la musique improvisée avec une guitare très présente qui lance de petites notes variées, l’instrumentiste attaquant ses cordes de différentes manières, et quelques bruitages électroniques.
Sur le troisième morceau (chaque piste ayant pour titre un simple numéro), c’est un nouvel élément de la musique de @C qui apparaît avec de rapides frétillements rythmiques, avec au loin des voix, des murmures, et des bruits de machines. Les morceaux s’enchaînent, les éléments se croisent pour former de nouveaux mélanges, les sons se transforment petit à petit au fil du temps et sur le quatrième titre ces frétillements rythmiques s’organisent et évoluent vers une sorte d’épure jusqu’à un superbe final façon minimal-techno, posé sur une texture faire de souffle et bruit d’eau qui coule. Encore une fois le mélange est inédit et séduisant, entre minimalisme dansant et ambient feutrée.
Après un court interlude façon musique concrète, on retrouve tour à tour tous les éléments évoqués précédemment, mais agencés encore de nouvelles manières. Minimal-techno et improvisation au laptop, sonorités concrètes qui prennent de l’ampleur jusqu’à un final presque noisy, free-jazz fracturé à base de cordes pincées et notes de clarinette sur souffle et chants d’insectes, puis enchaînement au sein d’un long dernier morceau d’éléments électroniques brutes façon Pan Sonic et de guitares free-jazz sur des bruitages mécaniques.
Cet album étant un live et fruit de collaboration avec divers artistes, il ne permettra pas d’apprécier de façon précise la musique de @C, mais devrait séduire ceux qui ont des goûts particulièrement larges, à l’image des styles et fusions opérées sur cet excellent et aventureux album.
Fabrice Allard