“Still Important Somekind Not Normally Seen (Always Not Unfinished)” reviewed by Liability

Le label Cronica est plutôt dans une phase ascendante. Cet éditeur portugais est déjà assez prolifique et au fil des références on sent que la label a pris de plus en plus d’assurance, accumulant les risques et les coups de cœur. Cette quatorzième référence est bien à l’image de ce que Cronica essaye de faire véhiculer : une musique électronique exigeante, souvent minimale, expérimental à tous les coups et révélatrice d’un état d’esprit plus qu’ouvert. Ce disque est la rencontre entre deux islandais (Heimir Björgulfsson et Helgi Thorsson) et l’australien Pimmon. H.Björgulfsson, ancien patron du label FIRE.inc et auteur d’une discographie solo assez fourni s’est associé à Pimmon (Paul Gough), artiste à géométrie variable, bidouilleur électronique reconnu et explorateur de sons synthétiques, et à Helgi Thorsson membre du Stilluppsteypa (dont H.Björgulfsson est également parti prenante) pour cet enregistrement live qui a été commandé par le Earational Festival.

De ces neufs pièces sans titres on retient cette dimension organique et presque aérienne. On a l’impression d’être dans un laboratoire ou tout semble se dérouler comme une mécanique trop bien huilée. Le temps se serait ainsi quasiment arrêté autour de ces trois hommes et de leur machinerie électronique. Le trio déroule ainsi une musique presque timide, qui semble être un peu en retrait mais offre un caractère évolutif intéressant et pour le moins futuriste. On reste alors dans un esprit résolument contemplatif qui n’est pas sans rappeler certaines productions des labels Mille Plateaux ou Staalplaat. Ce n’est sans doute pas un hasard. Pimmon avait déjà sorti un disque chez Staalplaat dans la très bonne série des « Mort Aux Vaches ». Même si le trio ne renouvelle pas le genre de ce type de musique électronique minimale, brumeuse et cérébrale, il délivre malgré tout un album des plus intéressant où le côté inquiétant et presque glauque est mis en avant pour donner une force supplémentaire à des compositions déjà bien dignes d’intérêt. Un disque sombre comme on les aime.

Fabien

“Still Important Somekind Not Normally Seen (Always Not Unfinished)” reviewed by Etherreal

Si l’ensemble du catalogue du label portugais est assez expérimental, on tient ici peut-être l’oeuvre la plus difficile d’accès que l’on ait pu écouter sur celui-ci. Difficile de dire donc si cette impression est due à la matière originelle, à savoir ces deux concerts du trio australo-islandais, ou bien au montage de Robert Hampson. Chaque morceau utilise d’étranges sonorités, mélange des produits électroniques (grésillements, craquements, souffles, frétillements) et ce qui semble être des sons concrets retravaillés pour mieux s’intégrer aux sonorités électroniques. Ceux-ci restent généralement au second plan, servent à créer une ambiance souvent sombre et inquiétante, évoquant une forêt hostile sur la piste 5 ou une pluie battante un peu plus loin.

Si le trio s’amuse à mélanger toute sorte de sources sonores, les trois artistes font également s’entrechoquer toute sorte de styles de composition. En effet, si la construction finale reste très abstraite, on retrouve ici ou là quelques éléments sur lesquels l’auditeur peut se raccrocher : une sorte de mélodie minimale et répétitive sortie d’une vieille machine et cherchant à imiter une voix et quelques jolies montées de nappes sur la piste 6, une espèce de fanfare numérique hésitante en fin de piste 4, mais aussi des rythmiques inattendues et parfois même sautillantes sur la piste 7, ou simplement efficaces sur le morceau suivant. Les amateurs de calme préférerons l’intro et la conclusion de l’album, avec la construction d’une superbe mélodie à partir de résonances métalliques pour commencer, ou des nappes de laptops et imitations de choeurs sous-marins pour conclure.

Peut-être pas le cadeaux idéal pour ces fêtes de fin d’année, à moins de bien connaître l’heureux bénéficiaire du présent, cet album reste difficile d’accès mais recèle quelques surprises bien cachées pour qui lui accordera toute son attention.

Fabrice Allard

“Still Important Somekind Not Normally Seen (Always Not Unfinished)” reviewed by Jade

Deux Islandais et un Australien sont dans un studio, Ils se racontent des histoires de nature, de compromis entre nature et culture, de soundscape digitaux, d’imitation du réel. Staalplaat et les Pays Bas semblent avoir joué un rôle prépondérant dans la genèse de ce projet et dans l’entremêlement de ces 3 individualités. Heimir Björgulfsson y a réalisé, dans le cadre des matérial séries des pièces fort intéressantes alors même que Pimmon et Helgi Thorsson (partie de Stilluppsteypa) réalisait des sessions Mort aux vaches en collaboration avec la VPRO. Une base commune d’intérêts rejoint par leur intérêt conjoint pour la créativité expérimentale. Cette production, la 14 ème de Cronica dénote dès le début par sa surprenante allégresse, déjà visible en promesse sur cette pochette ornée de fleurs stylisées. Still Important Somekind not Normally seen est une synthèse heureuse du savoir-faire de ces 3 musiciens, Qu’on s’attache aux courants environnementaux de Björgulfsson, à la dextérité rythmique et asymétrique de Paul Gough (Pimmon) où aux nappes sombres , spécialités de Thorsson. Et comme l’union de 3 talents donne souvent davantage que la somme de ceux-ci, ce disque possède un surcroît d’âme.

Julien Jaffré

“Still Important Somekind Not Normally Seen (Always Not Unfinished)” reviewed by Blitz

(…) Tem uma tendência lúcida subtil, longinqua na insinuação, mas que esparge disco com um humor residual. Afinal de contas, são três micro-roedores a devorarem um quadro eléctrico, com disputas frequentes por fusíveis e descargas perdidas. A tranquilidade da degustação domina, mas a devastação está lá, corrosiva. (…) É só desligar as luzes e eles aparecem, radioactivos, a roerem ritmos e indícios de melodia – embora mantendo os modos, porque a insaciabilidade não desculpa tudo. (7/10)

Sérgio Gomes da Costa

“Still Important Somekind Not Normally Seen (Always Not Unfinished)” reviewed by Touching Extremes

It takes a while to fully enjoy this recording, which is best appreciable if you listen to it on shuffle play mode: that way, the “out of tune TV” effect of this schizophrenic enigma will show its complete efficiency. A complete lack of communication is reconfigured through an apparatus of strange codes, each one looking for uncommon expressions and non conventional coupling with other weird physical manifestations. The three artists do a “catch-them-all” kind of electronic trawling, mixing silences and distortion, fragmentations and ironic looping, aleatory phases and algesic acousmatic shapes that rarely touch my heart but, for sure, stimulate my attention. Robert Hampson edited the whole show, recorded in Holland in 2002, but don’t think this could even remotely sound like a Main record.

Massimo Ricci

“Musicamorosa” reviewed by Boomkat

The Beautiful Schizophrenic is the pseudonym of sound designer Jorge Mantas, an artist who clearly has a bit of a fixation on Marcel Proust: all but two of the titles here are borrowed from lines of text from the author’s A La Recherche Du Temps Perdu – La Prisonniere. Of course it’s utterly preposterous to try and compare Proust’s monumental literary achievements to an album of drone-based microsound, but Mantas is keen to cite the links between love, melancholy and memory as a key factor in his own work, even being so bold as to pose the question: “Could this be a possible sound equivalent to the literary images of affection written by Proust in the early 20th century?” He then proceeds to answer the question with “Probably we’ll never know.” It’s hard to listen to this album without being haunted by the rather troubling sense that the composer is getting ideas above his station, but taken as a body of work on its own, detached from any delusions of grandeur, there are ample rewards to be reaped. The Basinski-style faded elegance of ‘un étourdissant réveil en musique’ is hard to resist, and the wonderful concrète cocktail ‘les oiseaux qui dorment en l’air’ is a real joy. Mantas even gets a little assistance from Cecile Schott – Colleen herself – on ‘La Lectrice’, a piece which (as the title suggests) consists of a reading, adding a more human edge to the bitcrushed orchestral passages that make up much of the disc. If you’re in search of some epic, romantic ambient electronics, you could do worse than lose some time listening to this. Lovely.

“Musicamorosa” reviewed by Igloo

It caresses the mind and careens forward, this Beautiful Schizophonic (Jorge Mantas). Musicamorosa is a selection of passages, deep and full-bodied in passionate drone. Music for the awakening of the soul, no doubt. Much of this was influenced by the romantic sense of time, and losing it, in the literary work of the great Proust (Valentin Louis Georges Eugène Marcel Proust). The disc is most cavernous at times (“Du Fond Du Sommeil Elle Remontait Les Derniers Degrés De L’escalier Des Songes”), taking a surging river ride at others (“Les Oiseaux Qui Dorment En L’air”). On “La Lectrice” (The Reader) he employs multi-instrumentalist and composer Colleen (Cécile Schott) reading without accompaniment from Proust while in Paris. It causes for a linguistic pause before once again floating amid the luminous “L’amour, C’est L’espace Et Le Temps Rendus Sensibles Au Coeur.” Chambers of translucent whispers and the elongated echo of whistling carry the sense purported on “L’éternel Matin”. What Mantas, who fancies himself a sound designer rather than a composer, ends up harvesting here is randomly conceptual as a long player. It works in sections, but perhaps it may be best left alone, to simply bathe into the entirety of its length. And in conclusion, it does with the thirteen minute gem “Soixante-Quatre (@C Pour T.B.S.)” which combines all that is grande about electronica today, a glint of minimalism and the subliminal power of the soundtrack. And while pre-empted by hushed, fidgety goings-on the end straddles those moments in-between, that time actually forgot. Which is to say the subtleties of Musicamorosa will carry its secrets into the air like a swarm of bees, vying on extinction, on a particularly humid day.

TJ Norris

“Musicamorosa” reviewed by De-Bug

Sehr Konzept-bezogen und doch so schön. Jorge Mantas liest Proust und schon gibt es Tracktitel. Und auch die Musik ist von dem Literaten inspiriert, wie das funktioniert, muss man hier nicht ausbreiten. Viel wichtiger der Klang, und wenn man unbedingt Vergleiche ziehen will, dann ist dieses Album die definitive Mischung aus Marsen Jules, Gas und dem Teil abseitigen Experiments, das für Laptopper einfach unvermeidlich scheint. Mantas ist immer auf dem Punkt, immer gut, wenn das Experiment den Wohlklang unterstützt, die Drones in freundlichen Harmonien an uns vorbeiwehen. Das Album hat einige solcher Tracks. Und die sind dann auch gleich richtig gut.

Thaddi

“Musicamorosa” reviewed by Foutraque

Décidément cette rentrée musicale est, pour ma part, placée sous le signe des disques en marge. Ceux hors normes, difficiles d’accès lors de la première écoute mais qui au final se relèvent merveilleusement beaux. Le premier album Musicamorosa de The Beautiful Schizophonic en fait partie ; distillant ses charmes envoûtants au fil des écoutes successives.

Composé autour de l’œuvre de Marcel Proust, Musicamorosa est un album de “done music”. Une musique composée à base d’instruments classiques (claviers et guitares) et d’habillages électroniques le tout fondu en un amas sonore compact formant une masse musicale dont les lentes variations s’égrènent délicatement au fil des minutes. En résulte un subtil mélange entre bruits/bourdonnements et ambiances electronica (la rythmique en moins) formant d’abstraites plages sonores. Prenant pour titre un extrait de l’œuvre de l’écrivain français, chacune des compositions de The Beautiful Schizophonic soustrait aux mots leur grammaire musicale alternant silence, chuintements à peine audibles ou volubilité atmosphérique. Un parallélisme entre sons et mots mis en exergue sur le morceau “La Lectrice” ou Colleen, seule, lit à haute voix un extrait d’écrits de Proust avec pour seul décor la musicalité de sa voix et des mots.

Empruntant à Proust son élégance et son romantisme littéraire, The Beautiful Schizophonic (de son vrai nom Jorge Mantas) compose ici un album aux charmes alambiqués ou alchimie des mots et ambiances sonores s’entremêlent étroitement laissant planer la préciosité de quelques autres grands noms comme celui d’Eric Rohmer, d’Edgar Allan Poe ou de Wong Kar Wai….

“Musicamorosa” reviewed by Westzeit

Neu auf Crónica ist “MUSICAMOROSA”, das Debut von THE BEAUTIFUL SCHIZOPHONIC, der sich von romantischen Malern und düsteren Dichtern (Poe, Dante) beeinflusst sieht und seine Drone-Schichtungen aus vielfach verloopten Streichern und diversen anderen electronischen Zutaten mit Titeln aus Prousts “Suche nach der verlorenen Zeit” schmückt. So richtig zwingend ist das nicht, zum Chill-out im Avantgardeclub aber sicher brauchbar.